[56] « Faut qu’on parle »

31 mars 2014

Ce « Faut qu’on parle » qui ne veut rien dire, mais que tout le monde redoute. Ce « Faut qu’on parle » qui déstabilise, alors qu’en fait si ça se trouve, il n’y a pas à s’inquiéter, parce qu’au final, ce n’est qu’un « Faut qu’on parle ». Ce « Faut qu’on parle » qui parfois est tout de même annonciateur de mauvais augures, spécialement chez les médecins, les banquiers, voire les garagistes.

Personne n’aime entendre des phrases telles que « Monsieur Joubert, à propos de votre Polo, faut qu’on parle… »

… et bien chers lecteurs …

Faut qu’on parle.

Parce que je sens bien, oh toi grand Néménem’s qui me lis parfois, tantôt redirigé par une requête Google hasardeuse, tantôt perdu dans le cyber-cosmos et ayant vu de la lumière… je sens bien qu’il y a un malaise…

Ca faisait longtemps, n’est-ce pas ? Pour ma part j’ai l’impression que c’était hier. Malgré tout les faits sont contre moi. J’ai délaissé ces pages.

Zeniouses devrait être renommé Zeharkaïves, sorte de recueil désormais figé dans l’immense toile mondiale.

Oui lectrices, lecteurs, je sens déjà se fossiliser ces articles, que je redécouvre comme s’ils étaient écrits de la main d’un autre. Parfois était-elle gauche, parfois paraissait-elle plus adroite…

Rappelons nous ces antiquités. Et remémorons nous toutes ces conneries qu’on a partagé. Et bordel, on s’est bien marré non ?

Je pense qu’on a même frisé l’association de malfaiteurs : moi vous faisiant croire que j’avais des choses intéressantes à vous dire, et vous me faisiant croire que vous existiez.

On a formé une sacrée équipe. J’ai appris à écrire en même temps que vous appreniez à me lire.

On se souvient toutefois que les débuts semblaient être pénibles, le milieu était parfois laborieux, et la fin, on pouvait y sentir poindre comme une présomption d’essoufflement…

Mais ça ne nous importait pas. Nous avons grandi ensemble. Nous avons su évoluer, changer nos styles, jouer à des jeux de rôles et nous renouveler tout au long des ans. Hier encore, nous avions vingt ans, nous carressions le temps comme nous jouions de l’amour… Et mon besoin de vous parler à rencontrer le votre, de me lire.

Le coup de foudre.

Vous pardonniez mes défauts, mes maladresses. Vous aviez compris que cette histoire d’Ours, de rédaction, de ligne éditoriale et de campagne publicitaire, c’était de la carotte.

Vous n’avez jamais rien dit.

Vous m’avez lu avec compréhension à un moment où j’en avais besoin. Vous avez rigolé à mes blagues, même quand elles n’étaient pas drôles, même quand elles étaient incompréhensibles, parfois même quand ce n’était même pas des blagues (et je dois dire que c’était bizarre).

Vous m’avez laissé écrire comme j’en avais envie, quand j’en avais envie. L’avantage ultime de ne pas rencontrer son public, sans doute.

Et j’ai honnêtement écrit pour vous rendre, à mon niveau, l’expression de mes sentiments de liberté. Donc j’ai écrit, de manière régulière, dans mon intérêt, pour le votre.

Je n’ai pas vu le temps passer. Sans doute car vous étiez de bonne compagnie. Mais il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte comme dirait l’autre. Parce qu’aujourd’hui, si on fait le bilan (calmement), je n’en retire que du positif.

Ce petit bout de chemin ensemble, je suis fier de l’avoir vécu avec toi, et toi, et toi aussi. Il va me manquer. D’ailleurs je garderai le blog ouvert, pendant un temps indéfini, pour garder cette aventure que nous avons partagée ensemble, vous en lisant, moi en écrivant. Et quand je parle de bout de chemin, en considérant bien le chemin parcouru, on peut même évoquer un  » bon tronçon d’A7  » relativement à la distance. Genre Saint Rambert d’Albon – Montellimar Sud pour ceux qui touchent un peu en Géographie…

Oui lecteur, tu as déjà compris, je suis déterminé. Tu te dis sans doute « Mon Dieu quelle fougue, je collapse devant tant de prestance, l’envie de pleurer et de rire à la fois m’envahit à la lecture de ces lignes », mais j’ai besoin de te quitter, de ne plus venir sur Zeniouses, de ne plus l’entretenir.

Ne m’idéalise pas. Je ne t’ai pas toujours été fidèle, je dois l’admettre, j’ai vaqué ça et là sur des projets, pour retrouver un peu le gout du risque et m’essayer à d’autres styles… mais sache que même si, dans ma tête, tu n’existais pas toujours, je t’ai toujours porté la plus grande affection. C’est d’ailleurs pour ça, c’est pour ce respect et cette amitié que je veux que nous gardions l’un pour l’autre, que je ressens le besoin de t’apporter ces justifications.

C’est grâce à toi que j’ai aimé écrire, c’est auprès de toi que j’ai appris à le faire et c’est en pensant à toi que je garderai longtemps l’envie de raconter des choses, même si c’est débile, même si c’est inégal, même si parfois c’est tellement bizarre qu’on dirait une publicité norvégienne. Au final, ce terrain de jeu qui était le notre nous a accueilli le temps d’une cinquantaine d’articles, sur un peu plus de 4 ans.

Je quitte Zeniouses sur ces derniers mots, pour ne pas laisser cette situation se décomposer, pour que des incompréhensions ne naissent pas, et pour indiquer aux futurs sqwateurs qu’ici, se sont échangés des rapports de blogueur à lecteur d’une intensité inouïe, dont on ne peut parler que les premiers samedis du mois, en crypté.

J’aurai toujours dans un coin de la tête ce blog que je délaisse et pour qui je devrais faire quelque chose. Mais j’ai la tête ailleurs et pour rester honnête, je compte en rester là.

Je te laisse alors partir lecteur, refaire la vie de ton côté. Le web est grand, tu retrouveras le bonheur, si tant est que tu l’aies un jour trouvé ici.

Parce qu’il faut bien trouver un truc pour clore ce monologue et qui résumera au mieux la situation, qui permettra de laisser un message universel au monde, qui pourra contribuer si les astres sont alignés à régler le problème au Proche Orient voire, si on a un ultime coup de pouce du Tout-Puissant et qu’il est dans un bon jour, qui soignera le cancer :

« Ursidi philosophum placet et ursido delendo est ».

Ca veut pas dire grand chose, c’est vaguement copié sur des expressions qui existent, ça doit être bourré de fautes d’accord, je ne saurai dire si je mélange pas de l’Allemand et du Turque (quoique les deux sont très similaires, je vous l’accorde), mais j’ai en mon for intérieur l’intime conviction que c’est déjà pas mal.

Ursidesquement,